La Grotte Chauvet – Pont d’Arc

Découverte le 18 décembre 1994 dans le cirque d’Estre, méandre abandonné de la rivière Ardèche suite à la formation du Pont d’Arc, la Grotte Chauvet – Pont d’Arc est la cavité ornée la plus ancienne actuellement connue au monde.

Cette découverte a bouleversé le monde de l’archéologie et de l’histoire de l’art, en raison de l’originalité du bestiaire, de la qualité esthétique, des techniques employées et de l’ancienneté des œuvres: certaines des peintures qui ornent les parois de la cavité ont été réalisées il y a 36 000 ans. Pour donner une idée du « vertige temporel » qui saisit le visiteur actuel de la grotte, il faut considérer qu’autant de temps s’est écoulé entre Lascaux et nous (environ 17 000 ans) . . . qu’entre Chauvet et Lascaux (encore l7 000 ans !).

C’est l’effondrement du porche d’entrée de la grotte, il y a 21 500 ans environ, qui a permis la conservation des vestiges dans un état de fraîcheur et de conservation stupéfiant ! 

Des dessins exceptionnels 

425 figurations ont été observées, et leur datation permet de les attribuer à l’une des premières civilisation d’Homo Sapiens Sapiens avérées en Europe, l’Aurignacien. Cette culture n’était connue dans le domaine de l’art pariétal que par des dessins assez frustres : or les œuvres de la Grotte Chauvet – Pont d’Arc présentent une qualité esthétique, un naturalisme et une recherche de relief aboutis, révolutionnant la notion de progression linéaire du talent artistique qui prévalait jusqu’à leur découverte.

les dessins sont organisés en grands panneaux, les parois participent à la mise en place des compositions d’ensemble.

l’estompe, inconnue auparavant, est courante dans la Grotte Chauvet – Pont d’Arc: les volumes corporels des animaux sont particulièrement bien rendus.

Les animaux sont juxtaposés dans une première recherche de la perspective, et de véritables scènes sont dépeintes : combat de rhinocéros, comportement de pré-accouplement de félins, lions en chasse…

La réalisation des œuvres fait appel à plusieurs techniques : principalement de l’ocre rouge dans la première partie de la cavité, fusain et gravures ensuite. Certains dessins réunissent même ces techniques avec le surgravage du dessin noir pour souligner des détails corporels.

Un bestiaire très original

Le bestiaire de la Grotte Chauvet – Pont d’Arc est de loin le plus important de toutes les grottes ornées connues au monde.

l4 espèces différentes ont été identifiées dans la grotte sud-ardéchoise dont une majorité d’animaux dangereux (68%): ours, rhinocéros, mammouths, félins dont la seule panthère actuellement connue de l’art pariétal préhistorique. Les autres cavités ornées connues (notamment en Dordogne) sont surtout constituées de figurations des grands herbivores, et la représentation d’animaux dangereux sont rares.

On trouve également des chevaux, des bisons,des rennes, des aurochs, des bouquetins, des cerfs, des boeufs et même un hibou gravé.  

La géologie de la cavité

La grotte Chauvet – Pont d’Arc est aussi une cavité exceptionnelle du point de vue géologique. Les volumes sont impressionnants avec un développement de plus de 400 mètres, des vastes salles (Les Bauges – 40 x 60 mètres). La hauteur des plafonds peut atteindre jusqu’à 17 mètres (salle Hillaire). On trouve des concrétions splendides – colonnes, draperies, gours, disques et planchers concrétionnés – avec des couleurs très riches, du blanc le plus pur au rouge profond.

La richesse archéologique

La Grotte Chauvet – Pont d’Arc comporte une multitude d’ossements et de traces liées à la fréquentation de la cavité.

L’ours des cavernes qui a vécu dans la grotte durant 20 000 ans est omniprésent avec près de 200 crânes et 4 000 ossements. En plus des griffures, on trouve la piste d’ours la plus longue connue au monde à ce jour. D’autres espèces animales sont représentées avec des ossements et empreintes de loup et bouquetin, notamment.

L’homme a laissé sa trace

Des empreintes de pied d’un adolescent ont été découvertes dans l’argile au plus profond de la cavité, ainsi que de l’outillage lithique or une pointe de sagaie. Les datations effectuées au carbone 14 sur des prélèvements sur les dessins, dans des foyers et des mouchages de torche, ont permis de distinguer deux périodes principales de fréquentation humaine: une première vers 30 000/36 000 ans, une autre vers 25 000/27 000 ans avant nos jours.

La Grotte Chauvet – Pont d’Arc a permis pour la première fois au monde, de mettre en évidence une méthode originale de formation de points par l’apposition des paumes de mains ocrées sur les parois. L’étude de ces paumes a permis d’identifier » deux artistes différents : une femme ou adolescent et un homme. Grâce à une particularité de la main de l’homme, il est possible de la retrouver ailleurs et de suivre son cheminement dans la cavité.

On trouve aussi la représentation la plus ancienne connue à ce jour du bas d’un corps féminin.

Un environnement similaire

Le paysage naturel autour de la grotte est resté sensiblement le même aujourd’hui qu’il y a 36 000 ans : il est aujourd’hui possible de dire que, à l’exception de la végétation, les artistes aurignaciens de Chauvet-Pont d’Arc ont regardé le même méandre abandonné de l’Ardèche, le même pont de pierre monumental enjambant la rivière, que nous aujourd’hui…